par Esfylion » 29 Aoû 2010, 18:04
Histoire :
* Lyon, un samedi hivernal, très tôt le matin. *
# Allez y madame, poussez, poussez fort ! Vous y êtes presque. #
- Ouin !! Ouin !!
# Oh ma chérie, tu y es arrivé ! Il est magnifique. #
So...Sophie ?...
# Je…je suis épuisée mon amour…
Je t’aime… #
# Que t’arrive t-il, tu vas bien ?
Répond moi s’il te plaît… !
Faites quelque chose ! Vous voyez bien qu’elle s’effondre de fatigue !
Sophie ! Sophie ! Je t’en supplie ne me quitte pas !... #
# Nous sommes désolés… Elle a consacré le peu de force vitale qui lui restait pour mettre cet enfant au monde. Nous n’avons rien pu faire, il était déjà trop tard. #
# Il…il s’appellera Esfylion. Selon la volonté de sa mère... #
* Lyon, 14 ans plus tard.*
* Lorsque votre père, en sanglots, vient de vous apprendre que votre naissance est la cause du décès de votre mère, un immense sentiment de culpabilité vous envahi, vous ronge et vous brûle de l’intérieur, vous souhaitez alors ne jamais être venu au monde. Pendant ces quatorze années, mon père m’avait élevé du mieux qu’il pouvait, me considérant comme la chose la plus précieuse qui soit en ce bas monde. Si je devais raconter ces premières années de ma vie, je dirais qu’elles ont été paisibles et envieuses, malgré l’absence de ma mère. Car mon père a consacré sa vie pour satisfaire mon bonheur et mon épanouissement, tout comme ma mère a donné la sienne pour que mon cœur batte. Le visage grave, j’ai relevé la tête et j'ai décidé d’accepter la dure vérité. Car il est inutile de se morfondre sur une chose qui est arrivée il y a des années de cela alors que je n’étais même pas conscient.
Cependant, il convient de préciser que bien qu’étant des années sans soucis, un handicap et la folie d’un père a pourri cette vie. Il faut savoir que j’ai contracté à la naissance une déficience de la pupille, une mauvaise réceptivité à la lumière. Pas assez suffisante pour qu’elle me fasse perdre la vue, mais suffisamment pour que mon père devienne parano. Il était complètement traumatisé par la mort de sa femme, et de peur qu’il ne m’arrive quoi que se soit, s’il ne me séquestrait pas à l’intérieur de la maison, il m’empêchait de sortir sans d'épaisses lunettes de soleil et une casquette. Il m’interdisait formellement de les enlever. Si bien que j’ai toujours été photophobe, fuyant la lumière comme la peste et m’en protégeant du mieux que je pouvais. J’en faisais des cauchemars chaque nuit, me retrouvant dans des endroits trop lumineux où je n’avais rien pour me protéger, mes yeux me brûlant et produisant une douleur difficilement imaginable. Malgré cette paranoïa, je ne peux en vouloir à mon père, car il m’a tout donné et son désir de me protéger m’a plus touché que tout autre chose.
Mais cette photophobie a cessée cinq ans plus tard… *
* Lyon encore, 5 ans plus tard.*
* Je vais maintenant vous conter l’histoire de mon extraordinaire découverte de Dreamland et de ma transformation en voyageur.
J’avais alors dix-neuf ans, je me suis endormis dans cette chambre qu’est la mienne depuis ma naissance, sans un seul rayon de lumière pouvant la traverser, et je rejoignis le pays des rêves. Encore un cauchemar...mais dont la fin cette fois ci allait être bien différente… *
- Hey ! Quelqu’un m’entent ? S’il vous plaît répondez moi. Je ne vois rien…
* Je ne pouvais ouvrir les yeux car je sentais une très forte lumière. *
Dressons le bilan de la situation… Me raisonnais-je
* C’est en effet ce que je fais à chaque cauchemar pour tenter de me rassurer, bien que cela, je vous l’accorde, soit parfaitement inutile. Mais vous remarquerez que c’est une manie que nous prenons lorsque nous sommes stressés ou en situation délicate.*
Je suis en plein air à en juger par le vent et le bruit. La lumière qui me parvient provient d’une source artificielle et très puissante, j’ai l’impression qu’il n’y a pas qu’une seule source. Je...je sens qu’elle s’intensifie…argh elle est trop forte, où sont mes lunettes ? Mes yeux me piquent !
* L’intensité de la lumière ne cessait d’augmenter, un véritable supplice. Et comble de tout, je sentis mes paupières commencer à vouloir s’écarter. Je ne pouvais les en empêcher, une force dominante agissait sur moi. *
Il ne faut absolument pas qu’elles s’ouvrent, je deviendrais aveugle pour de bon cette fois…
* Je ne puis résister plus longtemps, mes paupières s’ouvrirent et découvrirent un énorme globe lumineux se tenant juste en face de moi, m’éblouissant de toute sa puissance. Me transperçant la pupille et me brûlant la rétine. Mes bras étaient figés le long du corps, je ne pouvais me couvrir les yeux. Mon cristallin menaçait d’exploser, des larmes coulèrent, mon visage était déformé par la douleur, je ne cessais de crier ma souffrance, une souffrance à en faire se réveiller les morts, suppliant que cela se termine. Il n’y avait rien à faire. Alors que j'eus l’impression que mon œil gauche commençait à fondre, je lançais un dernier appel à l’aide en moi-même, clamant ma volonté de me battre, refusant le triste sort qu’était le mien, condamnant l’injustice de la vie qui m’avait doté de cet handicap et m’avais faite tuer ma mère en venant au monde.
J’ai combattu la douleur tant que j’ai pu, puis je me souvins de ce que mes yeux m’ont permis de voir, blottis neuf mois dans le ventre de ma mère adorée, mes yeux n’étaient pas encore développés, mais lors de ma naissance ils s’ouvrirent et j’ai découverts le visage de ma génitrice. Une vision sublime, elle me souriait, un regard plein d’affection et d’amour… Mais je l’entendis suffoquer, puis la vis s’éteindre… Ma vision se troubla alors et je m’endormis…
Dans cet océan de lumière, je m’étais rappelé la vision de ma mère, et compris que ma petite réticence à la lumière n’était pas si grave que cela. L’espoir apparu… ! De toute ma volonté j'écarquillai les paupières, forçant sur ma pupille, combattant le rayon lumineux, ne pensant qu’à l’image de ma mère.
Puis tout cessa…le rayon disparu et laissa place à une lumière chaude, confortable et réconfortante. J’avais gagné, j’avais vaincu la lumière et ma peur ! Puis sur cette bonne parole je m'effondrais... Et je me réveilla, mon père se tenait en face de moi, souriant et me montrant en clignant de l’œil mon réveil que j’avais oublié d’activer. Puis son regard se figea, comme frappé par la vision la plus intrigante qui soit… Il pointa son doigt en direction de mes yeux, n’arrivant pas à formuler un mot. Intrigué je me leva et entrepris de me regarder dans le miroir. *
* Mon père et moi avions raison d’être interloqués, mon iris autrefois bleu pâle, terne et triste, était maintenant d’un noir foncé, profond et mystérieux, avec en son centre un cristallin d’une luminosité frappante. *
* Depuis, je cesse de porter des lunettes et de me protéger de la lumière car elle ne m’affecte plus. Et mon père fit le boogie woogie avant la prière du soir ! *
Je tue les gens puis les mange, et parfois dans l'ordre inverse.
