Epuisée par une nuit de garde aux urgences, je m'effondrai dans mon lit à 9h du matin, prête à entamer un sommeil de plomb. L'avantage était qu'avec un rythme pareil, j'étais sûre de m'endormir après Pix, et pourrais ainsi le retrouver à Dreamland sans trop de problème. Après tout, il ne fallait pas se louper : cette nuit était celle où l'on rencontrerait les Lucky Stars!
En mon fort intérieur, je priai pour que ces derniers ne soient pas déjà levés, et aient quitté Dreamland.
Faut avouer... Ce serait ballot.
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Quinzième nuit à Dreamland
J'ouvris les yeux pour découvrir un chantier incroyable. Tout autour de moi dansait la poussière, et virevoltait des sons de marteau-piqueur malmenant le béton. Les ouvriers s'activaient sans trop remarquer ma présence, ce qui était en soi étrange, puisque je venais d'apparaître en plein milieu d'un bâtiment en construction. Toussant un peu, je soulevais avec peine mes Dr Martens enfouies sous un petit tas de gravas et m'éloignai de ce bazar en m'époussetant distraitement.
Je regardai autour de moi, cherchant du regard un signe qui me permettrait de retrouver Pix. Je m'aperçus alors que j'avais de nouveau mon oeil, et me départis d'un grand sourire.
Chouette! Je vais arrêter d'effrayer tout le monde! J'avais beau savoir qu'il se régénèrerait à ma prochaine nuit, j'étais ravie de ne plus ressembler à un pirate qui aurait perdu son bandeau au poker. Je m'éloignai suffisamment du chantier pour avoir une vue d'ensemble, et mes yeux furent alors d'autant plus utiles.
Il n'y avait pas qu'un chantier dans lequel j'étais apparue par malchance : la ville entière était une ruche bourdonnant d'ouvriers, de marteaux, de clous et de quincaillerie qui faisaient un boucan du diable.
- Mais qu'est-ce que...J'avais du mal à trouver la logique dans une ville constamment en travaux, sans un seul bâtiment viable ou tenant sur ses fondations. Mais après tout, la cohérence à Dreamland possédait ses propres règles, que je ne comprenais toujours pas. Je marchais lentement, le regard rivé au ciel, où se détachaient les plus gigantesques grues que j'avais vues de ma vie.
Comment ils font pour les démonter? pensai-je à part moi, et cela me rappela le souvenir un peu effacé d'une conversation dans le monde réel.
Je cherchais Pix pendant quelques minutes, marchant au hasard des rues qui me semblaient de plus en plus bruyantes. Poussant un soupir, je songeai une seconde à envoyer mon oeil en éclaireur, mais cela m'avait vraiment porté malheur la dernière fois. Harassée par le boucan qui m'assaillait de toute part, je trouvais un pan de mur qui n'avait l'air d'intéresser personne et fermai les yeux un instant, les mains posées sur mes tympans.
Un peu de calme...