Et la conversation débutait. C’était le loup qui se mouillait en premier, il fit descendre le contrôleur du vent avant de s’approcher et tourner autour de moi. Hors de question de le perdre de vue, aussi sous mes pieds, l’ombre se décolla très légèrement, ce n’était pas perceptible mais ça changeait mes appuis d’une manière qui pourrait être très intéressante en combat.
Ainsi, alors que la bête tournait autour de moi, le plateau d’ombre suivait le mouvement pour rester bien en face d’elle. L’ombre, quant à elle servait d’aiguille d’une montre, suivant le cheminement de cette drôle de créature.
Drôle de créature qui se présentait de manière assez bizarre. Mais passons, il voulait discuter plus tard et je répondis d’un hochement de tête, compréhensif. Je pouvais le laisser sans problème aller vers Atis, même si ça allait être compliqué de garder les êtres des doutes à portée de main…
Le Loup des Abysses… C’est quoi encore cette connerie.
Bref, la personne qui m’intéressait était de côté, vis-à-vis de ma position désormais, je tournai sur moi-même pour me retrouver face à lui, le plateau d’ombre réintégrant le sol.
Et ce fut la surprise.
Il comprenait mon geste ? Je n’y aurais pas cru, je n’y avais même pas songé, ne serait-ce qu’un instant. Et ce fut visible sur mon visage, il venait clairement de me prendre de cours. Gino, car tel était son vrai nom, semblait vraiment quelqu’un de sympathique tout compte fait.
Je plaçais une main derrière la tête, regardant le sol, soupirant.
- Eh bien…
Relâchant tout contrôle sur mon ombre, je m’avançais vers lui, il n’y avait plus trace de la tension palpable de toute à l’heure, laissant place à une certaine curiosité et une envie de bien refaire les choses.
Une fois devant lui, je lui tendis une main chaleureuse, les présentations avaient été mal faites la derrière fois. C’était l’occasion d’un nouveau départ.
- Gino, enchanté. Tu peux m’appeler Mace, dis-je avec un clin d’œil.
Après une poignée de main virile mais amicale je levai mes bras pour montrer ma surprise.
- A dire vrai, je ne pensais pas que tu allais comprendre ce que j’ai fait cette nuit-là, mais tu as parfaitement résumé ce que je t’aurais moi-même expliqué. Je suis un gars sympa, malgré l’apparence que j’ai pu donner, si quelqu’un que je connais à un problème je serais le premier à l’aider et à le protéger, ce que tu as pu remarquer avec Atis. Mais voilà, la nuit a très mal tourné et quand la brute est arrivée… il n’y avait de place plus que pour la survie, tout le reste était occulté par ce sentiment d’infériorité.
L’histoire du loup, il n’avait pas envie de s’expliquer, ce que je pouvais comprendre et ça ne me regardait pas de toute manière. Le loup était, certes étrange, mais semblait amical ou du moins indifférent. Il n’était pas un danger pour Atis et moi.
Gino avait envie d’explication sur ce qu’il s’était passé après sa propulsion expresse, j’allais lui donner ce qu’il voulait entendre, après je lui poserais une question concernant ce type et ce qu’il avait appris dans le Mag.
- En ce qui concerne cette fameuse nuit, ça a été chaotique après ton départ. Je me souviens avoir nagé dans l’eau pour fuir et rejoindre l’autre rive, mais en remontant à la surface j’ai vu Atis mal en point sur la plage, je l'ai rejoins. Le temps d’arriver et de mettre pied à terre, le gars et son araignée avaient défoncé la tronche de Klems et de Kras.
Je marquais une petite pause, ayant tendance à parler trop vite.
- Pour Klems, je ne sais pas, il gisait au sol et aucune idée de s’il était vivant ou pas. Kras, lui, est mort. Tué sous mes yeux, la nuque brisée par le Voyageur Killer. Désolé de te l’apprendre comme ça, je ne sais pas si c’était tes amis ou non.
Un petit temps d’arrêt pour qu’il digère la nouvelle, puis je reprenais pour expliquer la fin de la nuit.
- Après ça, j’avais les rognes. Le type était trop proche et Atis dans un trop sale état pour que l’on puisse se mettre hors de portée, il ne me restait plus qu’une solution : l’affronter. Pas que je pensais pouvoir vaincre, ça non, mais donner du temps à At pour qu’il se cache quelque part, ça oui. Il ne l’entendait pas de cette oreille, bien sûr, mais il s’est évanoui. J’ai combattu ce type, envoyant ce que j’avais de plus puissant. En vain. Un coup de poing et tout était noir, la suite je la tiens d’At lui-même qui a repris conscience entre temps. Le mec se servait de moi comme d’un sac de viande, il m’a reconnu aux cheveux, pour te dire. C’est le réveil qui nous a sauvé tous les deux.
Voilà, il savait tout désormais, je ne pouvais pas être plus précis.
- Je n’ai rien d’autre à ajouter, on a vraiment eu chaud aux fesses. Par contre, tu dis connaître l’identité de ce malade ? Je n’ai encore jamais touché de Mag.