Après quelques moments à galoper dans les plaines sans fin, j'aperçois au loin un troupeau de chevaux gambadant tranquilou dans l'herbe. Mon sauveur qui semble aussi soulagé que moi à la vue de cette scène presque idyllique, ralentit le pas jusqu'à l'arrêt total. Il me signifie la fin de la course d'un geste de la tête. Je soupire et me décrispe avant de descendre de son dos le plus souplement possible. Je desserre les mâchoires afin de libérer mon pouce tout en tenant mon bras gauche avec le droit, qui reprend le rôle de maintien.
Alors que le cheval reprend son souffle il me lance :
-Tout va bien ?
Je le dévisage un court instant. Je ne comprends toujours pas comment une question pouvait venir d'un cheval. Puis je jette un coup d’œil à mon épaule qui avait vachement enflé entre temps et tente de relativiser :
-Disons qu'il n'y a pas danger de mort...merci.
Je m'allonge dans l'herbe et ferme les yeux un instant. Tout en prenant une grande inspiration je réfléchis quelques secondes. Je ré-ouvre brusquement les yeux et me met à débiter un flot de questions sans parvenir à me calmer malgré mes efforts.
-MAIS je suis où là ?! Sur quel continent ? Qu'est ce qui vient de se passer à l'instant ? Comment je suis arrivée là ? Pourquoi ? C'est par où la sortie ? Et l'entrée ? Mais où est donc ornicar ? Quel est le fuck ? Putain comment tu peux...
Je m'arrête net dans mon élan. Comment tu peux parler ? C'était la question que je voulais poser. Mais je venais de percuter que c'était peut-être un peu impoli. Il pourrait penser que je le prends pour un idiot et se vexer. Ou un truc du genre. Après tout, parler semblait tellement évident pour lui...
-Enfin...disons que c'est la première fois que vois un cheval prendre la parole, quoi. Haha...et donc, on est où là...?
Je ne parviens pas à accepter la vérité ridicule qu'un cheval puisse me taper la discute. Par respect pour celui qui m'a sauvée, je fais pourtant tous les efforts possibles pour cacher mon incrédulité.
Je ferme les yeux en pretextant la fatigue pour ne pas le voir répondre. C'est plus facile de faire abstraction de sa nature animale de cette manière et je peux me concentrer sur les réponses.