Sur le toit d’un immeuble, un jeune homme tanguait dangereusement au bord du vide, frêle passerelle entre la vie et la mort, il n’avait qu’un pas à faire. Une longue barbe blonde et les cheveux en bataille, les habits crasseux et une bouteille vide à la main, il criait à tue-tête à qui voulait bien l’entendre.
- C’tait pas ma faute ! J’fais c’que j’pouvais putain !
Continuant comme ça pendant une bonne trentaine de minute, il se décida enfin à descendre de son perchoir, d’un pas en arrière. Comme tous les soirs depuis quelques temps déjà, il se trouvait une bonne raison de faire machine arrière.
Tuer n’était pas chose facile à effacer.
Même s’il ne cessait de se dire qu’il n’y était pour rien, qu’il avait essayé de la sauver… elle restait morte bordel. Finalement, cette ville ne lui avait apporté que des malheurs : les hommes en noirs l’avaient retrouvé, essayé de l’arrêter, étaient devenus violents.
Et la mauvaise personne en avait payé le prix fort.
Sombrant dans l’alcool et la dépression, il avait dans un premier temps réussi à leur échapper par on ne sait quel miracle. Depuis, il buvait pour oublier, pour rendre ses journées un peu moins douloureuses, pour s’échapper de la réalité, ne serait-ce qu’un bref instant.
Mais ça ne changeait rien.
L’autre jour, lorsqu’il chuta du haut de l’immeuble par inadvertance, qu’il eut la chance de tomber sur une nacelle, échappant à la mort de peu, une montée d’adrénaline lui fit reprendre ses esprits. Il était redevenu lui-même, redevenu moi.
Le soir même, je me coupai la barbe et renfilai des habits propres, fis mes bagages et partie de cette ville infâme.