[Attention :
LONG POST en perspective]
_Hm...*Perplexe, je regarde autour de moi. Il y a avait beaucoup de choses ici, aussi me demandai-je bien ce que j'allais pouvoir faire pour impressionner la grande féline. Dans un sens, le fait d'avoir tout un tas d'outils de création à disposition pour créer n'importe quoi était grisant, mais je devais créer une chose, et à une fin bien précise.*
Bon, d'abord je peux éliminer le dessin car sinon je pars déjà perdant, ou alors il faudrait que ce soit très simple...Mon truc c'est quoi ? L'écriture...mouais, mais bien que je pense qu'elle soit une dame très cultivée, j'ai peur que des mots ne suffisent pas...Il faudrait que ce soit plus visuel...La sculpture ? Ce serait bien, mais c'est beaucoup trop technique et je n'ai jamais pratiqué...Du théâtre ? Pas assez de temps...Ou alors...*Quand soudain un souvenir, tout récent de quelques semaines, me traverse l'esprit.*
***
*Tandis que je rangeais le matériel dans le coffre de la voiture, Carole revint après avoir lâché les chevaux dans le champ. Il pleuvait un peu depuis plusieurs heures déjà et j'essayais tant bien que mal de retenir mon nez de couler.*
_Merci de m'avoir aidé à passer la débrou'._T'inquiète c'est normal, c'est déjà gentil à toi de m'héberger._Bon, vivement qu'on rentre maintenant. J'ai bien envie de prendre un bain chaud moi._Pareil, j'ai les chaussures trempées et j'ai froid. Sinon tu veux faire quoi ct'aprem ?_Bah tiens je sais ! Je pourrais te montrer comment faire de la...***
La pyrogravure ! Par tous les loups ! Ça pourrait être intéressant et assez original !*Cette technique d'art consiste à graver quelque chose sur du bois à l'aide d'un bâton métallique très chaud. Au contact tu métal brûlant, le bois se calcine, faisant alors des traits ou des points noir. A partir de là, on peut utiliser le bâton comme un stylo ou un feutre et le diriger à sa guise.*
Avec ça je pourrais écrire et faire quelque chose de visuel en même temps...Hm...oui, mais je dois quand même l'impressionner...une planche de bois avec des mots c'est pas assez...Il me faudrait...un socle ! Oui ça pourrait le mettre en valeur dans l'espace. Ok...*Je commence alors à réunir le matériel en cherchant partout et en demandant parfois au passage où se trouve quoi.*
_Alors il me faudrait du bois...celui-là rectangulaire est bien, et celui-ci plus épais aussi...Du papier de verre...ok...Des feuilles de papiers, un crayon de bois, une règle, une plume...Vous auriez de l'encre aussi ? Ah voilà...Et enfin une...non, deux tiges de métal, un genre de stylet métallique quoi.*Cela fait, je m'installe sur un établi de dessin, le genre de bureau légèrement penché vers moi, parfait pour écrire, et y dépose tout mon matériel avant de prendre les deux stylets et d'aller déposer leur pointe dans le feu d'une des bougies qui décorait la salle. Revenant à l'établi, je m'adresse au Chat Botté :*
_Ça va prendre du temps pour faire ça. Vous pouvez me regarder faire si vous voulez, mais vous pouvez aussi reprendre votre œuvre là où vous en étiez, je vous dirais quand ce sera finis. Par contre, la seule chose que je vous demanderai est de ne pas regarder ce que je vais écrire. Je préfère vous montrer le texte quand il sera complètement finis.*La création commence alors : je prends le papier de verre et ponce aussitôt les contours du bois rectangulaire pour en faire quelque chose de plus propre, plus doux et plus agréable. Puis, j'attrape une scie qui trainait (dont je pense qu'on ne devait pas s'en servir souvent ici) et m'attaque à l'autre bout de bois épais qui allait constituer le socle. A l'aide de la règle et du crayon, je détermine un creux en pente qui me permettra d'y déposer le premier bois, et le découpe à la scie. Je teste rapidement si ça fonctionne, et ponce le deuxième bois pour en faire également quelque chose de jolie. Je m'appliquais pour réaliser toutes ces actions, mais j'essayais aussi de ne pas perdre trop de temps et essayait malgré tout d'être rapide, car sinon je ne pourrais pas finir mon œuvre. Je m'assois à l'établi, prends une feuille vierge, la plume et l'encrier.
Un travail acharné d'écriture débute. Je devais savoir ce que j'allais écrire. Il fallait que ce soit beau, un poème était donc la meilleure solution, mais de quoi allait-il parler ? Au début je pense écrire quelque chose sur tout ce qui m'entoure ou ce que j'avais découvert peu de temps auparavant : ce Temple, le marché, les gens-chats, la grande Dame féline qui attendait mon résultat. Mais je finis par écarter cette idée, c'était sans doute trop banal pour elle. Un poème que j'avais déjà écrit me revint alors en tête, c'était lors d'un concours au lycée, il avait obtenu la troisième place et parlait d'un loup (comme par hasard). Mais le contenu était très, très personnel, et je n'osais pas le mettre ici...Pourtant c'était tentant parce que ça me permettrait d'écrire sans trop réfléchir à de nouvelles rimes. Et puis un autre poème me revint, mais cette fois c'était différent. Celui-là était aussi personnel, mais moins. Et je l'avais commencé pour une raison particulière mais je ne l'avais pas finis...Peut-être était-ce l'occasion après tout. Songeant alors à ce que j'avais commencé, j'écris les quelques strophes dont je me souviens et cherche des rimes supplémentaires.
Très vite il est apparu qu'il valait mieux que j'utilise la même sonorité à chaque fin de strophes. Ça rajoutait de la difficulté, mais c'était mieux. Rapidement, la plume prends son envol sur le papier au gré de mon inspiration, et je commence à écrire, raturer, revenir en arrière, laisser de côté une idée, prendre un autre papier, et même de temps en temps, compter les syllabes sur mes doigts.*
"Et-je-prie-pour-que-l'on-se-re-trouve-le-len-de-main"...Treize. Non c'est beaucoup trop...*Je rature, je reprends, je recommence, je laisse parfois des blancs pour y revenir ensuite après...*
"notre"..."notre" quoi ? "chagrin" ? "écrin" ? Non.."filin" ? "lien"...? "lien" ! Oui c'est ça, c'est parfait !*De longues minutes s'écoulent, jusqu'au moment où je termine enfin, poussant un léger cri de joie.*
_Yes ! Voilà qui est fait ! Bon, vite maintenant.*Le brouillon était terminé, et j'avais mis beaucoup d'énergie dans le texte, il allait maintenant falloir le mettre au propre sur le bois. Rapidement, je me lève de ma chaise et va récupérer un des stylets à la bougie.*
_AÏE ! Ah Mille Crocs ! C'est vrai que ça brûle ce truc ! Dire que je m'étais déjà brûlé la première fois.*Je prends donc un torchon qui trainait en guise d'isolant, retourne m'installer à ma chaise, place le bois rectangulaire en face de moi, trace avec la règle et le crayon des lignes fines que je pourrais effacer après, et commence à appliquer le métal sur le bois qui ne tarde pas à noircir.
La première étape était de réaliser la première lettre du texte, en l'occurrence un A, en majuscule bien plus grande que les autres lettres. J'y reviendrai après. Puis je réécris le texte avec le stylet en m'appliquant. Mes yeux étaient tellement rapprochés que j'avais l'impression de devenir myope si ça continuait. Au milieu de la retranscription cependant, le métal ne grave plus aussi bien car il avait perdu de sa chaleur. Je retourne alors à la bougie, le replace et récupère l'autre pour reprendre là où j'en étais. Arrivé enfin en bas, je dessine un symbole japonais que je connais très bien en guise de signature (et aussi pour rajouter de la calligraphie à la chose), efface les fins traits de crayons, et revient à la lettre A, à laquelle je donne un certain relief comme pour les grandes lettres de début de paragraphe qui ont des enluminures (sauf que là il n'y avait pas de couleur).
Je complète le tableau en rajoutant des traits ondulés rappelant des branches d'arbres avec des feuilles sur les bords du cadre (après avoir ré-échangé de stylet). Ça encore, c'était pas trop difficile à dessiner. Puis je fais de même sur le socle : je commence par le devant, puis fais partir les branches et les feuilles jusqu'aux deux côtés. Ce travail supplémentaire me fait changer encore deux fois de stylet et prends du temps. Aussi devins-je de plus en plus pressé vers la fin. Les traits étant finis, je dépose le stylet, pose le bois rectangulaire avec le texte sur le socle, recule un peu et regarde la résultat de A à Z. Certains traits étaient un peu grossier, et l'enluminure n'était pas si réussis que ça selon moi, ni l'encadrement, mais...c'était fini.
Je pousse un gros soupir de soulagement et essuies la sueur de mon front. La concentration avait été telle qu'elle m'avait fatiguée. Les mains et les avant bras tremblant par l'effort que j'avais concentré dans les stylets, je prends mon œuvre de l'établi et la pose sur une autre table un peu plus apte à la présentation.*
_C'est bon, vous pouvez venir regarder.*C'était donc comme suit : sur un socle de bois, décoré par des branchages pyrogravés qui partaient à gauche et à droite, reposait un panneau de bois, encadré par le même genre de branchage feuillu que sur le socle, sur lequel on pouvait lire...*
Ah qu'il est long le chemin
Qui nous permettra de marcher main dans la main.
Serait-ce une cause déjà perdue pour rien ?
Ou un espoir qui se réalisera enfin ?
Quand le jour tombe et s'éteint,
Je pense encore à notre lien,
Et je prie pour qu'on se retrouve le lendemain,
Tout en sachant qu'il n'en sera rien.
Moi qui suis toujours trop loin,
Toujours absent tel le marin,
Toi qui est toujours trop enclin,
Travaillant toujours sans avoir faim,
Sache que tu me manque à tel point
Que nous ne pourrions plus nous revoir, je le crains.
Peut-être cet amour est-il vain,
L'avenir est tellement incertain.
Mais peu m'importe le destin.
Qu'il soit tragique ou avec une belle fin,
Je garde la foi pour aujourd'hui et demain,
Et je continue le chemin.
*En bas du texte, à droite comme une signature, se trouvait ce symbole :
Je laisse le temps au Chat Botté de tout lire avant de reprendre la parole et de lui expliquer :*
_Ce poème parle des amours du voyageur (voyageur au sens littéral j'entends). Car à chaque fois qu'il a une relation amoureuse avec quelqu'un, c'est souvent comme ça que ça se passe : ses voyages créent de la distance, et la personne qu'il aime a très souvent quelque chose à faire, ce qui l'empêche d'aller la rejoindre quand ça lui est possible. Du coup la relation est souvent très compliquée, et cela créé du manque et des doutes en guise de souffrance. Ce genre de relation est très incertain car elle peut mal se terminer comme bien se passer. Mais quoiqu'il arrive, le voyageur continue à marcher parce qu'il sait que c'est ça qui l'aide à ne pas désespérer dans la vie : continuer à avancer.*Silence gênant.*
_Euh...Hum...Qu'en pensez-vous ?