-
Bonjour monsieur Lermann, asseyez vous je vous pris. *S'en suivit un serrage de mains en bonne et du forme, une entrée ma foi des plus classiques ne pensez vous pas?*
-
Bonjour... Merci.*Zeno marqua une pause devant le thérapeute. Il était chauve, une taille en dessous de la moyenne. On ne pouvait pas encore le décrire comme bedonnant, mais son ventre commençait à marquer avec fierté les marques de l'âge et de l’embonpoint. Notre ami, s’exécuta. Il s'asseya, tournant le dos au praticien.*
-
Alors monsieur Lermann, racontez moi?-
heum, vous raconter, c'est à dire?*Zeno était mal à l'aise, il se demandait s'il avait bien fait de venir.*
-
Enfin monsieur Lermann, si vous êtes venu me voir c'est que vous avez des choses à raconter, je me trompe?*Zeno regarda autour de lui. Encore du cliché. Un bureau, des chaises. Il tournait le dos au praticien et ça le mettait mal à l'aise. Un bureau bien éclairé par la lumière du jour. Des tableaux se voulant apaisant sur les murs. Un tapis hors de prix sur le sol et des bougies à l'odeur rassurante dans l'air.*
-
On m'a conseillé de venir. J'avoue que j'étais un peu curieux. Mais je sais pas trop comment on fait.-
Si vous avez passé le pas, c'est bien que vous recherchiez quelque chose. Non?*Zeno inspira profondément, ferma les yeux et se laissa aller. Après tout il état venu pour ça. Il avait vécu cet entretien une centaine de fois, différée, analysée dans sa tête. Il suffisait de se lancer, de commencer.*
-
Je suis quelqu'un qui réfléchit beaucoup... peut-être un peu trop je ne sais pas. Sur quel critère devons nous nous baser pour que se soit peu ou trop? Bref j'ai toujours fait beaucoup d'introspection et j'ai souvent pris du recul même étant jeune. Pourtant il reste des choses que je ne comprend pas. Comme un paradoxe ambiant, sorte d'oxymore ambulant.-
Très bien, continuez.-
J'ai ces sortes d'impulsions. D’impulsion de mort. Vous savez lorsque vous êtes dans une voiture, vouloir tourner vers un arbre ou en passager vouloir ouvrir une portière à 130 kilomètre/heure.-
Je vois-
Je sais mimer à peu près une cinquantaine de manière différentes de se suicider. C'est pas trop normal non?-
Hum hum *dit il en acquiescent*
-
Puis j'ai cette sorte de démon en moi. Une envie de destruction permanente, d'exploser. Et c'est là où c'est marrant. La mort m'a toujours fasciné. Je la vois toujours partout autour de moi. Quelqu'un qui descend des escaliers, un enfant sur les épaules de ses parents, une chute bref... Et pourtant elle me terrifie. Longtemps j'ai cru m'en foutre, être au dessus de ça et pourtant j'ai l'impression qu'elle m'attend toujours et ça me terrifie.-
Hum hum-
Mais en réfléchissant, certes ça m'a pris quelques année, je pense que j'ai compris quelque chose. Ce n'est pas la mort en tant que telle qui me fait peur. C'est la suite. Je sais malheureusement qu'il n'y a rien ensuite, rien...-
Hum hum-
Ce n'est pas la mort en tant que telle du coup qui me bloque, c'est ce rien. Je n'arrive pas à l'envisager. Imaginez vous, projetez vous, vous ! être de conscience qui la pert... à tout jamais. Ce vide ce néant est impossible à imaginer. Alors que tous les connards qui disent que c'est comme s'endormir et jamais se réveiller ferment leur gueule ! Justement on se réveille d'habitude, ça veut dire quoi ne plus penser. Ne plus exister. Appartenir à ce putain de néant. Ce vide absolu incompréhensible.-
Hum hum-
Oui j'ai compris bien plus tard que c'était ce néant qui me terrifiait. Ce vide, cette inexistence qui n'est pas possible.*La voix de Zeno était tremblante. Plonger sans sa peur profonde était éprouvant. Il avait froid, il frissonnait, il voulait pleurer.*
-
Je sais très bien que la vie n'a pas de sens en soi. Que tout est biologique mais ça, la mort, le néant, ça ne peut pas survenir, ça n'a pas de sens je ne peux pas me l'imaginer je ne peux... keuf keuf keuf *toussa Zeno, il avait envie de vomir*
-
Hum hum-
Arrêtez avec votre hum hum putain je vous parle d'un truc important. C'est tout ce que vous avez a dire? Putain je donne beaucoup là, vous comprenez pas à quel point Cette inexistence est irrationnelle?-
...-
Oh ! je vous parle là !-
...*Zeno se leva et se tourna vers le psychologue, mais il ne vit personne. Il était seul dans se cabinet devenu froid, austère. La nuit avait chuté sur ce monde délaissé.*
-
Qu'est-ce que? Où êtes vous passé bordel?*Notre ami sentit un souffle glacial sur son cou. N'importe quel réflexe l'aurait fait pivoter aussi sec, et pourtant, croyez le ou non, il se tourna lentement et il vit. Il vit la faucheuse dans son plus bel apparat. Costume légendaire à travers les âges, à travers les mythes, à travers les fois. Zeno fut paralysé par cette vision d'épouvante. Lui qui l'avait senti depuis bien longtemps, la voyait pour la première fois de ses propres yeux. Squelette macabre ayant provoqué de nombreuses hécatombes, à la cape usée, ombre ténébreuse couvrant sa triste condition. Elle leva ses humerus, radius ulna et metacarpiens - c'est drôle comme l'esprit pouvait s'évader en de tels moments - prolongée par une faux immense à l'aura terrifiante et scabreuse.*
*Un geste circulaire, le mouvement fut lent. Vraiment? Pourtant les bras de Zeno se levèrent par réflexe eux aussi muent pas une lenteur en paradoxe avec sa peur inexorable. Était-ce l'instant d'avant mort ou au lieu de se remémorer sa vie, on se remémore sa mort, fais de plans infinis. Ou était-ce seulement le cerveau, tentant tant bien que mal de trouver une solution, préparer un échappatoire. Ses bras se levaient toujours. La faux menaçante se rapprochaient, inarrêtable. Et puis rien, et puis plus rien...*
*Comment vous décrire la suite? Et vous remarquez, j'utilise pour une fois le présent. Pourriez vous décrire Ry'leh si vous l'aviez vu? Peut on décrie le néant? La mort? La non existence? Combien de secondes? de jours? d'années se sont écoulées pendant ce moment? Je n'en sais rien, je vous l'avoue. Ce que je sais, c'est qu'à un moment, à un temps donnée dans ce vide absolu, dans ce néant innommable, l'on put entendre un cri surgissant de cette inexistance...*
-
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon ! Jaaaaaamaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! *Tel un sursaut d'orgueil, une lumière se ralluma, un fil se rattacha. D'abord vint le sensation de froid, grâce aux thermorécepteurs? ou à son corps qui reprends conscience de la chaleur de la vie, s'immisçant lentement dans les méandres de son âme? Ensuite le toucher, la sensation de l'air ambiant sur sa peau, la goutte de transpiration s'échappant d'un pore pour glisser, voyageur gravitationnel. Puis ce fut au tour du corps entier. Il redevenait réel, existant, amas de chair, structure d'os et de tendons. Des mouvements réduits, curieux se laissaient percevoir au niveaux des doigts et des membres. Enfin la pensée, d'abord timide puis bien vite bouillonnante. La mémoire reprenait son dû laissant une marque à jamais gravée. Elle fut suivie de très prêt par la voix, rocailleuse, d'outre-tombe, qui finit par prendre son ton naturel et explosa, tonitruante, d'une puissance rageuse.*
-
Jamais, plus jamais cette sensation !!!*La lumière grandit, replaça la pièce dans cet univers onirique et Zeno fut de nouveau présent. La faucheuse impassible se laissa trahir par un faciès surpris*.
-
Jamais, Jamais, JAMAIS !!!*Cria Zeno et tout en criant s'attaqua à la faucheuse. Il frappa le crâne de toutes ses forces, puis ses épaules et sa colonne. Il l'attrappa par les orbite, entraîna son crâne vers son genou destructeur et la jeta à terre. La mort au sol bougeait encore, bien sur. Il écrasa ses poignets avec ses pieds, ramassa la faux, lourde, imposante. La leva de fureur et l’abatis sur faucheuse. Une brume opaque en sorti. L'aura mortuaire et délétère l'étourdit.
Zeno était essoufflé. Était-ce la rage, l'effort entreprit? La mort avait disparu. Seul restait sa cape funeste. Il la releva, et vit caché en dessous un masque. Ce masque.*

*Il le prit et le mis sur son visage et dans un souffle, il dit*
-
Jamais...*Zeno se réveilla, confus mais apaisé. Bien trop de cauchemars d'un coup. Mais il se senti rassuré. Il avait pu reprendre le contrôle sur son dernier cauchemar, cela faisait longtemps...*