Tout est calme, pensai-je en jetant un coup d'oeil par la fenêtre.
Celle-ci, ouverte, laissait passer un léger courant d'air frais, salvateur par cette chaude nuit d'été. A part le bruit lointain d'une voiture, rien ne venait troubler la tranquillité de la rue, les seules lumières provenant des lampadaires, disposés à intervalles réguliers sur l'autre trottoir, et celle, plus faible, de ma chambre.
Me détournant de l'extérieur, je finis par fixer le reflet que le verre me renvoyait. J'y voyais un jeune homme aux cheveux châtains et à l'air fatigué, les yeux bleus cernés par le manque de sommeil.
Quel tombeur !Je souris piteusement, descend mon store et me réinstalle devant mon ordinateur. Un programme était en train de tourner. Enfin, plutôt un puissance 4, codé par par mes soins et attendant mon prochain coup. Je finis par gagner la partie. Rien de plus facile vu que je joue contre moi-même.
Déjà 2h du mat' .. Je n'ai pas envie d'aller dormir. Une goutte de sueur perle sur mon front rien qu'à l'idée de rêver. Mes rêves ont toujours été terrifiants, si bien que j'en suis pratiquement devenu insomniaque et limite dépendant à mes médocs et mes séances avec le psychologue. J'ai tout essayé pour dormir d'un sommeil sans rêves mais ils finissent toujours par revenir. Je me réveille alors effrayé et transpirant à grosses gouttes, en essayant d'oublier.
Pense à quelque chose de positif, comme la partie de tantôt tiens !Je me passe la main dans les cheveux, le sourire aux lèvres.
Manque plus que je passe plat' pour bien les faire taire.Le troll entre amis était une activité particulièrement prisée lorsqu'on jouait en équipe et j'en étais une des cibles privilégiées. Je m'étire et décide d'aller me coucher. Une grosse journée m'attend demain. Je quitte mon bureau, prenant ma bouteille d'eau au passage pour aller m'installer sur mon lit. Mes médocs trônent sur ma table de nuit. J'hésite. Je repense aux paroles de mon médecin par rapport aux effets de dépendance. Mais le problème était que, ces derniers temps, je me réveille chaque nuit à cause d'un rêve, ou plutôt. Toujours le même ou en tout cas dans le même genre.
Au plus j'essaye d'oublier, au plus il me revient en tête. Ces bêtes aux oreilles pointues .. Des gars avec des pouvoirs .. Se battant pour être premier dans un genre de classement .. Et puis tout ces lieux étranges ..Je frissonne. Remarquant que je commence à paniquer, j'essaye de me calmer et essuie mon front. Je repense à la "technique" de mon psychologue. Celle où je dois penser à une couleur, pour que mon esprit se focalise sur une chose qui ne risque pas de me terrifier dans mon sommeil.
Pense à une couleur, pense à une couleur, pense à une couleur.Je m'allonge et regarde mon plafond de couleur bleue.
Du bleu c'est bien.Je ferme les yeux, pensant intensément à la couleur que j'ai choisie.
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Tout est bleu autour de moi. Et à part ça il n'y a rien d'autre. Rien d'autre qu'un rêve bleu.**********
J'ouvre les yeux. Je mets un peu de temps pour reprendre mes esprits. Une clameur s'élève autour de moi, me faisant sursauter. Je regarde à droite et à gauche.
Une pl.. plaine ?! NON ! Un champ de bataille.Deux armées se tenaient face à face à ma plus grande horreur. Je me mis à trembler de plus en plus fort en remarquant que j'allais me trouver exactement au centre de la bataille qui allait se passer. Je me lève mais je tremble tellement fort que je manque de tomber. J'essaye de m'éloigner mais une nouvelle clameur monte alors. A ma plus grande terreur, je vois les lances se baisser, les cavaliers lancer leur monture à l'assaut, les archers bander leurs arcs et tirer une pluie de flèches.
Non, non, non, non, non. Je vais me réveiller, hein ? Hein ?, dis-je, en me prenant la tête, voyant les projectiles et les cavaliers s'approcher.
Il disait quoi encore mon psychologue ? Les rêves, les cauchemars sont des illusions. Des illusions. Tout existe dans ma tête. Il n'y a pas de champ de bataille, pas d'armées, c'est ça ? Je peux rêver de ce que je veux ?Je ferme les yeux.
Je n'entends plus rien.
Suis-je ... Mort ?Je rouvre les yeux. Il n'y a plus de champ de bataille, ni d'armées, ni de flèches. Rien que du bleu. Puis du rouge. Puis du vert.
J'ai un arc-en-ciel devant moi ou quoi ?Je suis de retour là où j'étais avant mon cauchemar. Je lève un bras mais je ne touche pas l'étrange paroi qui continue à changer de couleur. L'atmosphère est chaleureuse.
C'est la première fois que je me sens bien dans un rêve. Il avait raison, les rêves sont illusoires.Je me rallonge et ferme les yeux, complètement détendu.
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Mon réveil sonne. Je l'éteins en grommelant. Je me sens étrangement bien malgré avoir rêvé. Je frotte mes yeux en baillant. Jetant un coup d'oeil à ma table de nuit, je ramasse les médicaments, hésite un moment, avant de m'en débarrasser.
Je n'en aurai plus besoin désormais.Mon téléphone vibre.
Faut que j'y aille. C'est une belle journée qui commence.
