Nod serra la mâchoire, ses dents crissant presque sous l’effet d’une rage bouillonnante. La douleur dans son bras n’était rien comparée à l'humiliation cuisante qu’il ressentait dans sa poitrine. Reconnaître ses torts, admettre ses erreurs, c’était un acte qu’il estime noble, un moyen d’être en paix avec lui-même malgré les ténèbres qui l’entouraient. Mais elle… Elle s’était moquée. Elle avait piétiné sa sincérité, tournant en ridicule cette part de lui qui voulait être autre chose qu’un monstre. Cette trahison de son honnêteté brûlait comme une plaie ouverte, alimentant la haine qui grondait en lui.
Il sentit cette colère grandir, non pas sous forme de rage aveugle, mais comme une froide et calme détermination. Son regard sombre s'accrocha à celui de la succube, où il pouvait presque lire une folie en train de croître. Sa domination l’avait grisée, et l’odeur de son sang semblait avoir amplifié cette ivresse malsaine. Elle n’était plus une stratège, plus une prédatrice en pleine possession de ses moyens. Non. Elle semblait devenir un animal, aveuglée par son propre désir de contrôle et par une excitation qui la faisait vaciller à chaque instant.
Cette vulnérabilité-là, Nod la voyait. Il sentait que sa soif de pouvoir la rendait imprudente, presque désorientée par son propre plaisir. Et c’est précisément là qu’il savait pouvoir frapper, pas avec la force brute, mais avec la ruse et un allié que la succube n’avait pas encore pris en compte : Baasu.
Nod sait que c'est une chance à saisir. C’est le moment d’agir.
Il imagina un plan :
*Baasu est encore bien trop faible comparée à la succube pour l’instant pour la plonger dans une torpeur comme elle l’a fait pour le zombie, Cependant, noyée dans l’ivresse de l’excitation malsaine engendrée par cette sensation de toute puissance, elle n’a pas l’air en possession de tous ses moyens, son imprudence et son état instable pourrait une offrir à Baasu ouverture, une faille ou s’immiscer. Si Baasu parvient à la posséder ne serait-ce qu’une seconde, cela pourrait suffire pour interrompre l’attaque et laisser à Nod un moment pour frapper et aveugler la succube.
L’objectif n’est pas de la tuer, c’est impossible pour moi dans mon état actuel et je n’aurais pas le temps, mais ses yeux, ses yeux eux je peux le faire, l’objectif était de lacérer, planter les yeux de la succube pour l’aveugler le temps de fuir ou pour gagner du temps.*
Il laissa sa posture se relâcher, un faux air de soumission, un geste qui exprima presque la honte, juste ce qu’il faut pour lui faire croire qu’il est fragile, qu’il a abandonné toute dignité. Il fait une pause, sa voix plus douce qu’auparavant, comme s’il perdait un peu de sa certitude.
Tu as raison..,
dit-il, d’une voix mielleuse, presque soumise.
Il baisse la tête, l'air presque brisé. Tu veux que je me mette à genoux, n’est-ce pas ? Que je t’implore... c’est ma place, non ?Nod baissa brièvement les yeux, dissimulant l’éclat meurtrier dans son regard, ses yeux calculaient chaque mouvement de la succube.Sous sa capuche, caché dans la pénombre, il sentit Baasu s’animer, comme un prédateur patient qui attendait le moment opportun, une ombre paresseuses que l’on oublie. Cette situation de crise créa quelque chose chez eux, à ce moment-là l’un ressentait à la perfection les pensées de l’autre et l’autre celles de l’un.
Il se laissa retomber lourdement sur un genou, feignant une faiblesse accrue. Ses doigts se crispèrent sur le sol froid et humide, déterrant un fragment de métal froid – un morceau de barrière, bien assez tranchant pour servir de lame improvisée. Pendant ce temps, Baasu disparaissait dans l’ombre, immobile, son existence même gommée par l’excitation aveuglante de la succube.
Elle était trop concentrée sur Nod, trop enivrée par son rôle de dominatrice pour se sentir menacé.
Chaque mot qu’elle prononçait, chaque geste exagéré qu’elle faisait trahissait son manque de contrôle. Elle ne se battait pas pour survivre ou pour se nourrir. Non, elle se battait pour son plaisir, pour cette sensation de supériorité. Et c’est précisément ce qui allait causer sa chute.
Nod redressa la tête comme l’on regarde un bourreau avant son exécution, un sourire déformé par la douleur étira ses lèvres
Je n’en peux plus murmura Nod, presque inaudible, avant de répéter, sa voix montant crescendo.
Je n’en peux plus… Je n’en peux plus… JE N’EN PEUX PLUS ! Son cri déchira la nuit.
En réalité il se tenait prêt, chaque muscle tendu, chaque pensée focalisée sur le moment où Baasu frapperait sur la prochaine faille de la succube.